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Photo du rédacteurNathalie Boisselier

L'art de cultiver l'indépendance

Dernière mise à jour : 27 mai 2019

Beaucoup d’adultes HPI vous le diront et la recherche semble confirmer ces traits comme largement partagés : ils aiment leur indépendance et ces moments de solitude où ils peuvent se ressourcer et cultiver le calme.


Cet attrait pour la solitude ne signifie pas nécessairement que les adultes HPI sont plus seuls et isolés que les autres, bien au contraire ! Mais il s'accorde avec ce qu’avait déjà rapportés Csikszentmihalyi et ses collègues en 1997. Les chercheurs avaient effectivement observé des adolescents HPI et avaient trouvé que ces derniers exprimaient un besoin important de temps pour eux. Ce qu'ils en faisaient, devinez ! Ils se consacraient aux activités qui leur importaient et qui sont souvent solitaires comme par exemple peindre, écrire, jouer de la musique, résoudre des problèmes de mathématiques, ou même regarder la télévision. Paradoxalement, ces mêmes adolescents HPI consacraient aussi beaucoup plus de temps que leurs homologues non-HPI à des activités sociales. Ils employaient chaque semaine 3 heures de leur temps solo à des activités ayant une connotation sociale, comme téléphoner ou écrire à des amis, quand leurs pairs n’y consacraient qu’une demi-heure. En d’autres termes, les jeunes HPI employaient plus de temps à leurs relations sociales que leurs pairs, mais sans nécessairement rechercher des contacts directs et en face-à-face avec eux.


Les adultes HPI sont plus heureux en ville

Une fois atteint l’âge adulte, leur rapport atypique à la solitude semble se poursuivre. Grâce à une vaste étude menée sur 15 000 sujets américains âgés de 18 à 29 ans, Li et Kanazawa ont montré en 2016 que les individus à faible QI se déclaraient deux fois plus heureux que les individus à QI élevé lorsqu’ils vivaient dans des zones à faible densité de population et lorsqu’ils pouvaient avoir des interactions sociales fréquentes. Au contraire, les individus HPI rapportaient en moyenne mieux s’adapter au contexte moderne des grandes villes. La densité de population apparaissait avoir moins d’impacts négatifs sur eux, à condition qu’ils puissent choisir la fréquence et la qualité de de leurs interactions sociales. Les adultes HPI pourraient donc mieux se porter en limitant leurs interactions avec peu d’amis. Mais dans le même temps, ces contacts pourraient aussi être mieux choisis, d’autant mieux que leurs centres d’intérêts limitent leurs potentiels de rencontre.


D'accord pour le travail de groupe, mais sous condition

Dans la sphère professionnelle, les adultes HPI se déclarent également plus satisfaits de leur carrière professionnelle que leurs pairs dans la norme (Perrone et al., 2010), mais particulièrement s’ils ont la possibilité de pouvoir raisonner et travailler en toute autonomie et d’utiliser la pensée créative (Siekańska & Sękowski, 2006). Ces goûts les obligent souvent à devenir chefs de leur propre entreprise ou à obtenir une position hiérarchique leur offrant une très grande autonomie (Persson, 2009). Concernant le travail collaboratif, ils resteraient aussi à préférer travailler seuls (Davis & Rimm, 2004), ce qui peut être mal perçu, disons-le, dans la mesure où la plupart des gens pensent pouvoir être plus productifs en s’y mettant à plusieurs, notamment grâce à l’organisation de réunions de brainstorming [1]. Toutefois, French et ses collègues ont indiqué en 2011 que le contexte tient pour beaucoup dans cette préférence, et qu’elle n’est pas systématique : tout dépendrait de la composition du groupe, du type de travail et de l’environnement social dans lequel le travail se déroule. Dans leur étude, les auteurs trouvaient ainsi une catégorie d’étudiants HPI qui, se sentant appréciés par leurs enseignants et leurs pairs, avouaient une forte préférence pour le travail collaboratif.


Cela renforce l’idée que les personnes HPI n’ont pas de problèmes d’ajustement social particulier, mais vraisemblablement — et comme les autres — un besoin de partager avec des personnes bienveillantes et capables de les accueillir avec leurs singularités. Lorsqu’ils ne trouvent pas ces conditions réunies, ils préfèreraient travailler seuls (Davis & Rimm, 2004).


 

[1] En réalité, plusieurs études montrent les limites de cette méthode de réflexion collective (Smith & Ward, 2012), sûrement déjà parce que plus d’idées sont produites par un individu qui réfléchit seul (Diehl & Stroebe, 1987, 1991 ; Nijstad & Stroebe, 2006). Il s’avère ensuite qu’en situation de brainstorming, les participants auraient tendance à se conformer aux idées des autres, ce qui bloquerait leur idéation par un mécanisme de fixation mentale (Kohn & Smith, 2011).



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