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Photo du rédacteurNathalie Boisselier

L'estime de soi : quelle valeur vous accordez-vous ?

L’estime de soi correspond au jugement ou à l’évaluation que l’on fait de soi-même, de sa valeur personnelle.

Que pensez-vous de vous-même ? Pensez-vous être capable de faire certaines choses aussi bien que d’autres ? Vous sentez-vous satisfait de votre apparence physique, de votre personnalité ? Etes-vous optimiste quant à votre avenir ?


Toutes ces questions entraînent des réponses dont il y a peu de chances qu’elles soient objectives. Elles renvoient à un concept essentiel que les psychologues appellent « l’estime de soi ». De toutes les définitions qui ont pu en être données, celle de Marshall Rosenberg (1979, 1985) est certainement la plus complète et la plus parlante pour chacun. Selon ce psychologue, L’estime de soi correspond au jugement ou à l’évaluation que l’on fait de soi-même, de sa valeur personnelle. Elle est un bon indicateur d’acception, de tolérance et de satisfaction personnelle, tout en étant dénuée de sentiments de supériorité ou de perfection.


Une personne qui possède une bonne estime de soi éprouve du respect pour elle-même. D’abord, elle se respecte en tant qu’être humain, indépendamment de ses qualités personnelles ou alors de ce qu’elle a accompli. Il s’agit d’une forme de respect inconditionnel. Le respect conditionnel, lui, nécessite que la personne puisse se comporter conformément à ses valeurs et à ses standards de moralité, de compétence ou encore d’excellence et qu’elle puisse en faire un bilan positif.


Les psychologues ont réalisé beaucoup d’étude sur l’estime de soi. Ils ont pu constater plusieurs choses. D’abord, une faible estime de soi est souvent reliée à un faible respect conditionnel, c’est-à-dire que la personne ne parvient pas à éprouver un sentiment d’accomplissement quand elle met ses actions au regard de ses valeurs et standards personnels. Ensuite, une faible estime de soi a souvent été associé à la dépression, à l’anxiété, à un sentiment plus bas de satisfaction dans la vie, mais également à des états négatifs comme l’irritabilité, à l’impulsivité agressive, et à des difficultés avec les limites et le contrôle. D’autres études indiquent également qu’une faible estime de soi rendrait plus susceptible de ressentir des affects de culpabilité, de peur pathologique de l’échec et rendrait plus vulnérable à divers problèmes psychologiques.


Comment mesurer l’estime de soi

Rosenberg a mis au point un inventaire en 10 questions permettant à chacun d’obtenir une évaluation de la manière dont il se perçoit. Vous trouverez ce questionnaire ci-dessous, avec la possibilité de l’imprimer pour le compléter. Pour chacune des caractéristiques ou descriptions, il vous suffit d'indiquer à quel point elle est vraie pour vous en entourant le chiffre approprié.


Echelle d'estime de soi de Rosenberg

Pour évaluer ensuite votre niveau d’estime de soi, il vous faudra additionner vos scores aux questions 1, 2, 4, 6 et 7.

Attention ! Pour les questions 3, 5, 8, 9 et 10, la cotation est inversée, c’est-à-dire qu’il faut compter 4 points si vous entourez le chiffre 1 ; 3 points si vous entourez le 2 ; 2 points si vous entourez le 3 ; et 1 point si vous entourez le 4.

Vous pouvez finalement faire le total de vos points. Vous obtiendrez alors un score entre 10 et 40.

Concernant maintenant l’interprétation, qui est identique pour les hommes et les femmes :

  • Si vous obtenez un score inférieur à 25, votre estime de soi est très basse. Un travail dans ce domaine semble souhaitable.

  • Si vous obtenez un score entre 25 et 31, votre estime de soi est basse. Un travail dans ce domaine serait bénéfique.

  • Si vous obtenez un score entre 31 et 34, votre estime de soi se situe dans la moyenne.

  • Si vous obtenez un score compris entre 34 et 39, votre estime de soi est forte.

  • Si vous obtenez un score supérieur à 39, votre estime de soi est très forte et vous avez tendance à être fortement affirmé.

Comment restaurer l’estime de soi

Par définition, la psychothérapie permet de restaurer l’estime de soi puisque tout changement de comportement durable survient uniquement si la personne le rattache à ses valeurs. C’est pourquoi il est si important d’explorer ensemble tout ce qui donne un sens à la vie du patient et ses ressources propres. L’objectif du psychologue est de guider et d’accompagner la personne dans son cheminement vers un changement choisi et qui est conforme à ses aspirations et à ce qu’elle pense important pour elle.


Ce cheminement n’est pas sans ré-apprendre (et même parfois apprendre), peu à peu, à avoir de l’indulgence et de la compassion pour soi. Ces sentiments, nos patients admettent volontiers les avoir facilement pour les autres, mais rarement pour eux-mêmes. Pris dans la lutte pour éviter de souffrir, ils oublient de se pardonner, de s’accepter tels qu’ils sont et d’accorder de la valeur à leurs qualités et à leurs accomplissements qui sont pourtant réels.


De manière plus spécifique, les Thérapies Comportementales et Cognitives (TCC) permettent une amélioration de l’estime de soi par le biais des techniques d'affirmation de soi. Les techniques d’affirmation de soi permettent aux personnes d’apprendre à exprimer clairement leurs pensées pour que leurs interlocuteurs puissent bien savoir ce qu’elles pensent et ce qu’elles désirent. En effet, taire ses besoins grignote l’estime de soi en empêchant de savoir dire « non », de recevoir ou faire une critique ou un compliment. De la même manière, la Thérapie d’Acception et d’Engagement peut aider, en aidant à se recentrer sur ses valeurs et à se distancer de ses pensées pour acquérir une plus grande flexibilité.


En conclusion, il est important de savoir où l’on en est dans la valeur que l’on s’accorde. Les personnes qui ont du mal à s’affirmer peuvent avoir une estime de soi basse. Mais les difficultés à s’affirmer peuvent également affecter et affaiblir l’estime de soi. Il est difficile de savoir ce qui prépare à développer une faible estime de soi. Elle peut dans certains cas être héritée de l'enfance avec des parents qui ont par exemple pointé plus souvent les échecs que les réussites de leurs enfants, qui n'ont pas su les encourager quand ils en avaient besoin et ont sans cesse repoussé vers le haut leurs exigences et leurs attentes. Certains ont pu développer le sentiment que rien ne serait jamais assez pour que leurs parents expriment fierté et satisfaction à leur égard. Des troubles affectant les apprentissages (dyslexie, dyspraxie, TDA/H...) peuvent aussi avoir été stigmatisés dans le milieu scolaire ; l'enfant n'aura pas été mis dans la position d'avoir une attitude positive envers lui-même, de pouvoir ne pas se considérer comme un échec, un inutile ou un bon à rien. L'entrée dans l'âge adulte consolide ensuite ces schémas, avec son cortège de conséquences négatives et de souffrance. La personne ne parvient tout simplement pas à s'accepter et à s'aimer à sa juste valeur. Dans ce cas, la psychothérapie offre un espace sécurisant où il devient possible de travailler à restaurer l’estime de soi.


 

Sources

Rosenberg, M.. 1965. Society and the adolescent Self-image. Princeton, NJ: Princeton University Press.


Rosenberg, M., 1979. Conceiving the self. New York: Basic.


Rosenberg, M., 1985. Self-concept and psychological Well-being in adolescence. In: R. Leaby (ed.). The development of the self. New York: Academic Press. pp. 205-246.


Vallieres, E. F., & Vallerand, R. J. (1990). Traduction et validation canadienne‐française de l'échelle de l'estime de soi de Rosenberg. International journal of psychology, 25(2), 305-316.

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