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Photo du rédacteurNathalie Boisselier

Les 7 types de TDA/H

Le TDA/H qui touche 4% des adultes n'est pas un syndrome unique. En fait, il en existerait 7 types différents.

Parler du TDA/H est important. On estime effectivement que 50 à 80% des enfants souffrant d’un TDA/H auront encore ce diagnostic à l’âge adulte, soit 4% des adultes qui présenteraient le trouble sans même parfois le savoir. Ce sont des personnes qui ont des difficultés à moduler leur attention. Elles éprouvent des difficultés à s’organiser, à suivre une conversation, retrouvent leur parfum au réfrigérateur et le lait dans le placard, oublient leurs clés et leurs rendez-vous. Il leur est difficile de mener un projet à bien, l’attention ou l’intérêt se perdant sur le chemin de sa réalisation. Celles et ceux qui ont les symptômes d’hyperactivité ont la bougeotte. Ils ont du mal à tenir en place, procrastinent, prennent des décisions sur le coup de l’émotion et ne savent pas attendre. La vie sociale est affectée en raison d’une tendance impulsive à couper la parole, à être irritable et parfois colérique.

Le TDA/H touche toutes les sphères, c’est-à-dire qu’il a des conséquences sur la vie familiale, amicale et professionnelle. En conséquence, les personnes qui en souffrent ont une moins bonne estime de soi, déclarent plus d’évènements de vie négatifs et se déclarent moins satisfaits dans la vie. De plus, il leur faut plus de temps et d’énergie que les autres pour s’organiser et s’auto-corriger, même si leurs réussites reflètent rarement leur potentiel. C’est ce qui a été appelé « le fardeau compensatoire ». Il est épuisant.


Les 7 types de TDA/H dans la classification de D. Amen

Ces dernières années, la recherche a montré que de nombreux troubles neurodéveloppementaux (c’est-à-dire liés au développement du système nerveux central) comme l’autisme ou la schizophrénie ne correspondaient pas à une affection unique, mais à plusieurs. On parle désormais de trouble du spectre autistique ou de spectre de la schizophrénie. Pour le chercheur Daniel Amen, il en irait de même pour le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H). Ses études successives lui ont permis de dénombrer 7 syndromes différents, chacun correspondant à un ensemble spécifique de symptômes, une configuration cérébrale particulière en lien avec des altérations aussi spécifiques de certains systèmes neurotransmetteurs :

1. Le TDA Classique (le TDA/H tel qu’il est le plus communément décrit)

2. Le TDA à dominante inattentive

3. Le TDA avec déficit de l’attention sélective

4. Le TDA à dominante temporale

5. Le TDA à dominante limbique

6. Le TDA à type d’hyperactivation cérébrale

7. Le TDA à dominante anxieuse.


1. Le TDA Classique

Il s’agit du syndrome le plus courant et le plus facile à diagnostiquer. Ses principaux symptômes sont l’inattention, la distractibilité, l’hyperactivité, la désorganisation, la procrastination et l’impulsivité. Les personnes qui ont cette forme du syndrome ont du mal à rester immobiles, assis en réunion par exemple. Dans ce cas, l'imagerie cérébrale montre une activité au repos du cerveau normale, et une activité réduite dans le cortex préfrontal durant les tâches qui réclament une attention soutenue. Les patients souffrant de ce type de TDA ont un flux sanguin anormalement bas dans le cortex préfrontal, le cervelet et les ganglions de la base, ces dernières structures cérébrales impliquant le neurotransmetteur connu sous le nom de dopamine. Le traitement médicamenteux, quand il est prescrit, consiste à stimuler les niveaux de dopamine dans les ganglions de la base pour augmenter les capacités attentionnelles. C’est ce que fait le méthylphénidate (Ritaline®) dont on entend si souvent parler.

2. Le TDA à dominante inattentive

Le TDA/H à dominante inattentive, qui est le plus souvent rencontré chez les filles, est également associé à une réduction de l’activité dans le cortex préfrontal et à des niveaux plus bas de dopamine. Les symptômes associés sont : une fenêtre attentionnelle courte, la distractibilité, la désorganisation et la procrastination. Les patients souffrant de ce type particulier de TDA ne sont ni hyperactifs, ni impulsifs. Ils peuvent même être introvertis et souvent rêveurs, perdus dans leurs pensées.

3. Le TDA avec déficit de l’attention sélective

Selon la classification d’Amen, les patients souffrant de ce type de TDA présentent la plupart des symptômes classiques du trouble. Mais en plus, ils ont du mal à déplacer leur focus attentionnel. Ils restent comme bloqués sur des pensées négatives qui tournent en boucle ou sur des comportements problématiques. Ce type de difficulté empêche par exemple de suivre une conversation où les tours de parole s’enchaînent et où il faut se concentrer sur un locuteur après l’autre. En outre, si les choses ne vont pas dans leur sens, ces patients peuvent connaître de véritables explosions de colère et être rancuniers. Ils ont tendance à tout discuter, à s’opposer et à être très critiques, ce qui peut lasser l’entourage. Ils peuvent apparaître égoïstes alors qu’ils ne le sont pas ; simplement, leur cerveau manque de flexibilité. Selon Daniel Amen, un déficit à la fois de la dopamine et de la sérotonine (un autre neurotransmetteur) serait en cause. En neuro-imagerie, le cerveau de ces patients montre une hyperactivation d’une région du cerveau appelée cortex cingulaire antérieur, région en charge de déplacer le focus attentionnel. Cette activité trop soutenue empêche de sauter d’une pensée à l’autre, d’une tâche à l’autre et d’être flexible. Cette aire du cerveau est effectivement aussi impliquée dans la détection des erreurs permettant de savoir quand quelque chose ne va pas. Parallèlement, l’activité dans le cortex préfrontal et le cervelet est insuffisante. Ce syndrome est particulièrement difficile à traiter par des médicaments. Il faudrait effectivement booster à la fois les systèmes dopaminergique et sérotoninergique. Mais les patients deviennent plus anxieux et inquiets lorsqu’on stimule la dopamine. Le dosage est donc difficile à réaliser.


4. Le TDA à dominante temporale

En plus des symptômes classiques, les patients souffrant de ce type de TDA développent des troubles qui relèvent des fonctions des lobes temporaux (partie du cerveau derrière vos oreilles). Les lobes temporaux sont impliqués dans la mémoire, l’apprentissage, la régulation de l’humeur et le traitement visuel des objets. Les patients rencontrent donc des difficultés d’apprentissage, de mémoire, et des problèmes comportementaux comme la colère, l’agressivité et parfois même une certaine paranoïa. En imagerie cérébrale, ces symptômes correspondent à une activité accrue dans les lobes temporaux et une activité insuffisante du cortex préfrontal. La prescription médicamenteuse la plus courante est anxiolytique, c’est-à-dire qu’elle cible un troisième neurotransmetteur : le GABA.


5. Le TDA à dominante limbique

Ce type de TDA s’accompagne d’une humeur chroniquement basse et négative (on parle de dysthymie) et par une tristesse chronique. Les symptômes les plus courant sont une altération de l’humeur, un manque d’énergie et des sentiments fréquents de culpabilité ou d’être démuni, au-delà de toute aide. Pour Daniel Amen, il ne s’agit pas d’un trouble de l’humeur puisque la symptomatologie du TDA prédomine. Elle s’accompagne d’une perturbation à la hausse du système limbique, une partie profondément enfouie dans le cerveau en charge du contrôle de l’humeur, mais également d’une activation insuffisante du cortex préfrontal au repos ou lors de la réalisation d’une tâche.


6. Le TDA à type d’hyperactivation cérébrale

Les symptômes qui accompagnent couramment cette forme de TDA incluent une hypersensibilité à l’environnement (particulièrement le bruit, la lumière et le toucher), des périodes de comportements d’opposition, des humeurs imprédictibles, un débit de parole rapide, des ruminations anxieuses et des tendances obsessionnelles. La pensée peut être grandiose ou inflexible, mais elle va à mille à l’heure. De tels patients voient, pensent et ressentent trop, sans qu’il paraisse y avoir de bouton « stop ». Chez eux, il n’y a pas de sous-activation préfrontale comme dans les formes plus classiques de TDA/H, mais le contraire. Il y a une hyperactivation dans l’ensemble du cortex et dans plusieurs autres régions cérébrales qui est observable en neuro-imagerie (PETscan). Les personnes qui souffrent de cette forme épuisante de TDA/H gagnent réellement à apprendre de nouvelles stratégies susceptibles d’apaiser l’activité débridée de leur cerveau dans la mesure où les psychostimulants ne leur apportent généralement (et à l’évidence) aucune aide.


7. Le TDA à dominante anxieuse

En plus des symptômes caractéristiques du TDA, les patients sont tendus, anxieux, développent les signes physiques du stress tels que des migraines ou des maux de ventre. Ils s’attendent en permanence au pire et restent comme paralysés dans les situations provoquant de l’anxiété, particulièrement s’ils pensent être évalués ou jugés. En imagerie cérébrale, les structures dopaminergiques des ganglions de la base apparaissent hyperactivées, en contraste des autres types de TDA ou elles sont hypo-activées.


Les traitements

Bien entendu, il existe des traitements médicamenteux pour prendre en charge le TDA/H. Mais il s’agit pour la plupart de psychotropes qui agissent sur la chimie du cerveau. Certains, comme le métylphénidate (Ritaline®) ne peuvent être prescrits qu’à l’hôpital. Ce n’est pas qu’il faille absolument fuir ces molécules dont certaines peuvent apporter un réel soulagement à des symptômes qui affectent la vie des patients et leur causent d’immenses souffrances. Mais il peut être d’un grand bénéfice de tenter d’abord, puis en association, des traitements non médicamenteux qui ont fait leurs preuves comme la pleine conscience ou les TCC. Des techniques comme le biofeedback ont souvent été indiquées dans le traitement du TDA/H, mais au sein de protocoles très structurés. Pour les adultes, la thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT) peut apporter un réel soulagement. Tout d’abord parce qu’elle inclut des exercices de pleine conscience qui aident à se focaliser sur le moment présent en favorisant l’attention. Ensuite, parce que le processus de pleine conscience promeut l’acceptation et la distanciation de ses pensées pour favoriser la prise de perspective. Or, les personnes souffrant de TDA/H ont accumulé tellement d’expériences négatives que les jugements qu’ils portent sur eux-mêmes sont sévères, inflexibles et qu’ils les bloquent dans l’ici et maintenant. Remettre ces jugements en perspective peut les aider à aller mieux et à retrouver confiance en eux et en leur avenir.

 

Source

Amen, D. G. (2015). Change Your Brain, Change Your Life (Revised and Expanded): The Breakthrough Program for Conquering Anxiety, Depression, Obsessiveness, Lack of Focus, Anger, and Memory Problems. Harmony.

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